Revista de creación literaria en busca de creadores del mundo

jueves, 24 de septiembre de 2015

Selección poética de Arnaud Talhouarn



Poème souffrant de délabrement

Une voix dit : « toi, sois comme toi,
toujours. »

« Tu es comme ceci, approche donc comme ceci. Tu es comme cela,
mais approche donc comme cela, viens, viens
vers nous, tiens-toi
sous nos yeux. »

Dans une
obscurité faite de lacunes et d'interstices, pourtant il
existait. 

« Tes questions, vois-tu, sont tellement vides qu'elles
ne peuvent provenir de personne, ne sont posées par
personne. »

La nuit où l'être qui vient vers nous, n'approche ni par ce chemin, ni par cet autre chemin,
dont le cœur n'est ni fervent, ni indifférent,
ni plein de colère, ni pur, ni habité, ni vide : la
nuit, creusée par la mâchoire sèche de notre invocation.

Empoigne-la.




Etat des lieux

Aimer serait, comment dire, le tribunal de l'âme, immense
épreuve (je
ne parle pas de questions techniques, mais le cœur avant tout a sa part dans l'énorme échec que constitue, sous cet aspect, l'existence.
Enorme, certes, boursouflé à la manière d'un membre atteint de gangrène et dont je constate, à la fin, qu'il a les dimensions de l'âme entière :
noire, suintante)
dont la difficulté et la complexité excèdent mes forces.

Naguère je m'y attelais avec patience.
Chaque jour naissait avec, telle une femme dont la poche des eaux est près de crever, une lourde charge d'espérances pour les heures qui, immanquablement, viendraient.
Rien ne venait à ma rencontre ; ou bien je ne savais aller à la rencontre de rien : choisir entre l'une ou l'autre de ces interprétations, quelle importance aujourd'hui ?

Tourne-toi donc vers rien.

Ou bien, plutôt, tourne-toi vers ce qui, à l'intérieur de toi, s'obstine à remonter des champs de modestes décombres (ah, la question du bien gésir : celle-là aussi, est-elle pas maintenant bien réglée !) fragments d'un discours réduit à l'état de tranchantes arêtes.




Ballade du retour malheureux

Badine tournée d'un côté : débris, fragments et ruines, donc c'est bien.
Pivote sur l'axe de ton assiette, badine calée de l'autre côté, et puis ajuste donc ton monocle : paysage désolé, étendue de sable analogue à un inextinguible désert, et donc morbleu c'est bien vraiment, tout ça. C'est extrêmement satisfaisant.

Cependant
la seule surrection de ton crâne au-dessus de ces champs de morne extinction, suffit à interrompre la perfection de ladite
morne extinction.

Rumeur montant, de tout cela, rumeur sourde, incessante et, malgré tout,
encore scandée.
Faisant retour : oui, en effet c'est une malédiction.




Dans le monde

Question d'hier, et aussi d'avant-hier, concernant les parois de ladite étroitissime cellule : depuis quand existent-elles ?
La mémoire des constructeurs en est perdue. « Ni de l'avant ni de l'après, ni de l'en deçà ni de l'au-delà, ni du dehors ni du dedans » ânonnent leurs bouches déchaussées.
L'homme qui se débat, rampant d'un côté et d'autre, pourvu d'un désir inquiet et ardent, se heurtant et se blessant pour rien,
c'est moi.

Perplexe, informulé.

Fourbus davantage qu'inspirés par la patience ni l'intelligence, un jour (ce jour-là) j'arrêterai de moudre au roc mes os. Jour analogue au baptême d'un frêle esquif, bercé par la doucement clapotante, inepte révélation de l'absente origine : « Les parois, les mains qui les édifièrent, n'appartiennent à personne: existantes, sans origine non plus que nécessité.
L'obscurité qui emplit l'intérieur, n'est la substance ni le véhicule d'aucun dieu. »

En ce jour d'anodine victoire, avant de parler,
toussote une fois ou même deux, te préparant de la sorte à entendre la vibration d'une voix enfin éclaircie.




Poemas en versión original que aparecieron en el número tres de Acantilados de papel, dedicado a París: Siempre nos quedará París. Datos del autor, biografía, fotografía, pinchando el enlace.

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